Ce n’est pas une casserole d’eau chaude ni un flacon de promulgue atrophique. Mieszko Bavencoffe est un individu « iéliquement » étonnant. Artiste multirécidiviste, le Normand n’a pas le QI d’une huître de Constantinople. N’en déplaise à Éric Zemmour, l’homme est d’origine polonaise. Encore un étranger ! Ils sont nombreux, ces étrangers, dans le monde. Un Français n’y retrouverait pas ses petits tellement ils moutrent dans l’abyssal grand remplacement !
Provocateur sans intention de prévenir, c’est lui qui a troublé l’ordre impérialiste rouennais en titillant manu-cyclitarie , traboulant le socle napoléonien vidé de sa statue indélicate par une œuvre éphémère et déterroctère !
Sacré Bavencoffe !
Bavencoffe est aussi connu dans le monde du graff et de l’art moderne. Propre sur lui (il sort des Bozarts), il a malgré tout cette conviction patentée d’être un individu libre ! Son collaborationnisme avec l’école des Bozarts lui est donc pardonné ! Le pauvre ! Finalement, l’artiste n’a pas été gangréné par la lâcheté artistique de ces écoles qui, généralement, produisent des moutons qui font là où on leur dit de faire.
Quel âge a-t-il ? On ne sait pas trop et franchement, on s’en balance ! L’art n’a pas de limite d’âge. D’après lui, il aurait 40 balais brossés dans le sens du poil de riz que Dieu fait ! Cela fait du bien de rencontrer un individu libre, assez poétique dans l’âme et souriant. Ça change du patron du bistrot de St-Marc dont on se demande pourquoi il tient un commerce pour tirer une pareille tronche ! Une tronche-pilate trahissant un mal de vivre, certainement ! Mais bon, c’est bien connu, les commerçants rouennais ne sont pas réputés pour leur sourire crémeux !
Le Malingre
Passons au sujet non-Propal de cet article lumineux. Mieszko Bavencoffe a sorti en 2022 un ouvrage que j’ai découvert cette année et qui est la raison de la rencontre avec l’artiste dans ce bistrot insipide de Rouen.
Le Malingre est un ouvrage autoédité par le valeureux Mieszko, qui a mis du pognon pour voir se transformer l’intérieur de son cerveau en écriture tapuscrite avec une technologie moderno-foisonneuse qui consiste à saisir les pensées glucanes sur un téléphone portable ! Il aurait pu attraper un diabète de type 2, le bougre ! Indéniablement, il a risqué sa vie !
Un diabétologue témoigne : « En écrivant son livre sur un téléphone, c’est un risque mortel, et pour le saisissant, et pour le téléphone ! » Le scientifique, adepte de la théorie de Burnsteimer, n’en dira pas plus ! Malgré tout, l’ouvrage est déroutant. Bien évidemment, Bavencoffe (à ne pas confondre avec le café bavarois, rien à voir) a une trame. C’est l’histoire d’un personnage au départ hyper chétif qui s’enrichit de réflexions biscornues parfois, pour prendre du volume intellectuel. Il mange, tel l’enzime glouton des pubs de lessive des années 70, la crasse de l’humanité en la transformant en faits absurdes.
Mieszko Bavencoffe a tout compris de la vie. Personne ne nous a demandé de venir au monde. Du coup, on y est, on observe et on analyse. Son travail part de l’inconscient, de ce qu’il ressent. Lorsqu’il écrit un texte, il le tournicote, le rend élastique, le tend, le détend, pour finir par se figer sans pour autant être achevé. Ainsi, le lecteur peut aussi partir dans une conquête pacifiste des mots de l’auteur. Le Malingre, c’est l’histoire d’un type qui parcourt la vie en se positionnant sur des sujets qui sont parfois de société ou des instants de vie. Le lire vous apporte un enthousiasme qui se transforme parfois en extase. Il s’agit d’une succession de tableaux mettant en valeur des thématiques de vie. Il s’agit d’une balade dans une sorte de galerie dématérialisée où chaque lecteur crée son propre chemin.
Exit les codes officiels ! Exit l’exit ! Bigre, qu’il est bon ! Manifestement, ce gars a du culot et pourrait vous emmener vers des trucs que vous n’imaginez même pas. Il le dit lui-même. Il s’implique pour partager avec le lecteur une vision, une poésie de la vie. Cet ouvrage est enrichissant et libre ! Pas la peine de lire le chapitre 1 pour comprendre le 2. Chaque tableau est indépendant, bien que l’auteur s’en défende en insistant sur la trame d’un témoignage de parcours de vie. Cependant, il laisse le champ libre au lecteur de prendre ce qu’il veut. Laisser la liberté au lecteur est un attrait fondamental de l’écriture expérimentale. Ainsi, Mieszko Bavencoffe se positionne non pas comme un écrivain, mais comme un artiste expérimental. Et c’est de ce style d’artiste que naissent les nouvelles pensées. À chaque époque, son développement culturel !
Dans tout ce qu’il entreprend artistiquement, Bavencoffe tient à deux choses essentielles : tout faire pour envoyer des messages de vie et se faire comprendre, même quand il est parfois déroutant. Guy Debord, expérimentaliste du développement de la société, était aussi dans cette démarche. Autour de son univers, Bavencoffe côtoie les artistes d’antan et les contemporains. C’est sûrement là la clé de son originalité : le fait de se maintenir dans les deux mondes en respectant l’ensemble du passé tout en partant à la recherche de l’art moderne !
Personnage curieux et attachant, Mieszko Bavencoffe a en plus oublié d’être idiot, ce qui diffère de certains artistes autoproclamés qui, sous prétexte qu’une collectivité territoriale les trouve mignons, s’enflamment en se considérant nombril artistique du monde rouennais. Bavencoffe n’est pas de ce bois aggloméré. C’est plutôt un chêne qui pourrait bien engendrer d’autres pépites artistiques. En attendant, n’hésitez pas à lire son bouquin Le Malingre. L’auteur est sur le deuxième volet, qui pourrait bien sortir dans l’année qui suit. Gardez un œil sur Mieszko Bavencoffe. Il pourrait encore vous surprendre, vous dérouter, vous gêner, vous transcender ou encore vous plaire, tout simplement !
Frédéric Quillet
Retrouvez le Malingre ici
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